Mai
Le
mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du
haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque
s’éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains ?
Or
des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés
des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j’ai tant
aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières
Sur
le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien
menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un
âne
Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un
fifre lointain un air de régiment
Le
mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de
rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les
roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes
Guillaume Apollinaire, Rhénanes, Alcools, 1913
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