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Chaïm SOUTINE (1893-1943) "La Raie"_1924 Huile sur toile. (81 cm X 110 cm) Metropolitan Museum of Art, New York. |
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"carédar-644" |
"La Raie"_La
première approche de cette œuvre n’est en effet pas ragoûtante.
Nature morte absolue, une raie éventrée s’épand en viscères
avec ce qu’il y faut d’insidieux pour lui donner du style :
de beaux fruits rouges, gorgés de suc. Une triperie sanguinolente,
triturée dans la pâte, mais une triperie animée par des rouges
vibrants, des roses et des violacés du plus bel effet. La fameuse
esthétique de la laideur s’affirme ici dans l’éclat de son
paradoxe.
La
peinture d’animaux écorchés n’a rien d’inédit. Soutine la
tire de ses fréquentes pérégrinations dans les musées à scruter
les carcasses sanguinolentes de Rembrandt, les natures mortes de
Chardin et les anatomies de Courbet. Pièces de fruits, de , de
poissons, sujets silencieux et chairs immobiles prêts à être
consommés. Soutine reprend ici "La Raie de Chardin" (1725-26) dans une version poussée, lui faisant dégueuler des
entrailles une compote répugnante. Jusqu’au-boutiste, il décline
à la chaîne une série de bidoches avec la démesure
qui lui est propre. En sort alors une forme de beauté que seul son
regard sait extraire de l’horreur. viande
(Source :
Fruits d’entrailles – COUP D’ŒIL)
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Chaïm SOUTINE "Autoportrait"_1918 |
Chaïm
SOUTINE est un peintre juif biélorusse émigré en France, né
en 1893 ou 1894 dans le village de Smilovitchi, à cette époque dans
l'Empire russe, et mort le 9 août 1943 à Paris. Il est l’un
des représentants les plus éminents de l’École de Paris. Arrivé
à Paris en 1912, il s’installe un temps à la cité d’artistes
de la Ruche, puis à la cité Falguière, où il rencontre Amedeo
Modigliani par l’intermédiaire du sculpteur Jacques Lipchitz. Il
voyage également dans le sud de la France au début des années 1920
d’où il ramène des paysages tourmentés (Les
Maisons, Paysage, Arbre couché, Le Village).
L’une
des caractéristiques de ce peintre, dont le style rapproché de
l’expressionnisme varie peu au fil du temps, est le travail par
séries. Il représente tour à tour glaïeuls, gibiers, volailles,
gens de service et enfants de chœur. Les personnages qu’il
représente sont mélancoliques, typés jusqu’à la caricature,
dotés de corps déformés et vêtus de costumes offrant de vifs
contrastes de couleur (Le Petit Pâtissier, Garçon d’honneur).
Les natures mortes privilégient les animaux tués (Le Dindon, Nature
morte au faisan) ou encore les carcasses écorchées, suivant
l’exemple de Rembrandt (Bœuf et tête de veau).
Le marchand
d’art Paul Guillaume est l’un des premiers à s’intéresser à
la peinture de Soutine. C’est par son entremise que le
collectionneur américain Alfred C. Barnes le découvre à son tour
lui apportant ainsi une reconnaissance internationale. Le goût
précoce de Paul Guillaume pour l’artiste permet aujourd’hui à
l’Orangerie d’abriter la plus grande collection de peintures de
Soutine en Europe.
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