mardi 21 octobre 2025

 Extrait du mémoire rédigé par le chanoine Jean-Thomas FLORI. Rediffusion


U ZAPPAGHJOLU :

C'était le temps où les tracteurs et tous les autres engins mécaniques n'étaient pas encore en usage chez nous. Il fallait donc retourner la terre avec "a zappa" (pioche). Chaque jour "u zappaghgjolu" s'en allait à son travail. La pioche sur l'épaule, "a so pipa imburata d'erba tabacca" ( tabac corse), alerte et heureux, dans la fraîcheur du matin...
Ces bons vieux rutalais cultivaient leur lopin de terre avec passion et amour. Ils avaient en dehors "di a zappa", un autre outil qui leur était indispensable : "a rustaghja". Un chef d'œuvre des "poésies giogose" de Mgr DE LA FOATA. Avec "a rustaghja", ils emportaient aussi "a falce" (faucille) et "a piola" (la hache).
Avec ces quelques modestes outils, "I zappaghgjoli" accomplissaient des merveilles. Les sentiers étaient entretenus. On pouvait alors se rendre partout, tandis que maintenant il est impossible de retrouver la moindre trace de ces vieux chemins qui, depuis quelques années sont laissés à l'abandon.
Les jardins sont couverts eux aussi, de ronces et d'épines..."e zappe, e rustaghje, e falce et e piole" sont maintenant abandonnées. Tous ces outils sont les vestiges d'une époque où le travail des "zappaghjoli" nourrissait sa petite famille. Ils nous rappellent que la bonne terre de nos champs collait encore "à la semelle de nos souliers".
Nous nous permettons ici de citer une strophe " di e rustaghje" de Mgr DE LA FOATA :
" Veni lu branu, e c'e la dibbiera :
  Veni l'estadi, e c'e la dirraschera :
  Si tu unn ha la tu rustaghja,
  A nissunu la pude chera :
  S"edha veni d'anda in piaggia,
  Cume fa senza rustaghja."
L'orthographe est celle de l'au-delà des monts, employée par Mgr DE LA FOATA lui-même.

U CARBUNARU : 

Nos mamans n'avaient pas de réchaud à gaz ni de cuisinière fonctionnant au fuel ou à l'électricité. Elles se contentaient d'un simple braséro que l'on appelait chez nous "u furnellu". Pour faire chauffer le café ou pour faire cuire les aliments, elles utilisaient le charbon de bois.
Nous voudrions rappeler ici comment on dressait une charbonnière. Sa préparation demandait beaucoup de temps. Il fallait d'abord couper le bois ; monter ensuite la meule, qui pouvait compter entre quatre ou six assises de bûches de bois selon l'importance de la charbonnière. Elle était ensuite recouverte de terre. On y pratiquait deux prises d'air à la base ainsi qu'une cheminée au centre. Lorsque tout était prêt, on y mettait le feu. On bouchait ensuite l'orifice de la cheminée. On attendait parfois quinze jours et plus pour que le bois se carbonise. Il fallait surveiller la charbonnière nuit et jour. Aussi, "u carbunaru" était-il astreint à s'installer en permanence dans sa cabane où "il était vraiment maître chez lui..."
La dernière phase consistait à mouiller la terre qui revêtait la meule afin que le charbon se refroidisse. La terre ayant été dégagée, le charbon était entassé. Quelques jours après, il était mis dans des sacs que l'on fermait à l'aide de deux tiges de bois. On les entrecroisait en pinçant le sac aux deux extrémités. Ils étaient ensuite chargés sur un âne. C'était alors le moyen de transport le plus pratique car il pouvait passer par les sentiers les plus étroits et les plus escarpés.
La demande de charbon était plus forte que l'offre. Il s'écoulait facilement. En 1941, durant l'occupation, à cause de la pénurie d'essence, les véhicules automobiles étaient munis d'un appareil spécial qui transformait par oxydation le charbon en gaz combustible.
Ceci dit, pour la petite histoire d'une époque particulièrement difficile.
Photos : "Tempi fa"- Éditions Albiana.
A suivre...

1 commentaire:

  1. Avez-vous reconnu les jardiniers : Angelo et Clément Pantanacce.

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