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| Edward HOPPER (1882-1967) "Nightawks"_1942 Huile sur toile. (84,1 cm X 152,4 cm) Art Institute of Chicago. |
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| "Carédar-674" |
Dans les années 1940, l'expressionnisme abstrait domine les États-Unis avec des artistes comme Pollock, De Kooning et Rothko : Nighthawks est peint dans cette période de mutation qui s'accentuera encore au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Mais Hopper refuse l'abstraction : il choisit le figuratif et le réalisme. Certaines interprétations historiques tendraient à considérer Nighthawks comme la réponse d'Edward Hopper aux bombardements de Pearl Harbor le 7 décembre 1941 et à l'entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale qui en a découlé. Redoutant une attaque des nazis, les New-Yorkais étaient en effet soumis à des couvre-feu et à l'extinction des lumières dans les espaces publics. Edward Hopper lui-même a participé aux patrouilles de volontaires qui scrutaient le ciel nocturne.
Nighthawks adopte un format qui peut faire penser à une scène projetée sur un écran de cinéma. La scène se déroule la nuit. Le tableau est construit selon une composition soignée, et il se caractérise par une qualité intemporelle et universelle qui transcende son lieu particulier. Il montre un instantané de quatre personnes assises dans un diner (restaurant typique américain) de centre-ville, tard dans la nuit. Le peintre a expliqué que sa toile s'inspirait d'un restaurant sur Greenwich Avenue à New York. La rue est vide soit parce qu'il est très tard (les dîners sont souvent ouverts 24 heures sur 24) soit en raison du contexte de guerre.
L'atmosphère sous un angle et un éclairage si particulier, semble tendue, dramatique et figée : tous les personnages sont immobiles, sauf le serveur. Les couleurs dominantes sont le vert (couleur froide), le brun et le jaune et forment de grands aplats géométriques qui découpent des formes simples et épurées. Le spectateur, attiré par la lumière, est exclu de la scène par la vitre du diner. L'entrée du restaurant n'est pas visible, ce qui accentue l'impression que les personnages sont enfermés, comme dans une cage ou un aquarium. On retrouve les objets typiques d'un diner américain : long comptoir, distributeur de serviettes en papier, mug, salière, poivrier.
Un homme de dos mange, seul. Un couple, dont l'homme et la femme habillée en rouge se touchent presque la main mais ne se parlent pas, est assis à proximité. L'épouse d'Edward Hopper a servi de modèle pour la femme assise au bar et lui-même comme modèle pour l’homme qui nous tourne le dos. Le serveur parait discuter. On aperçoit la vitrine sombre du magasin d'en face. Les personnages semblent perdus dans leurs pensées.
Ce tableau contient les thèmes principaux de l'artiste : l'amour, la solitude, la mort. La structure angulaire, la vision par ou à travers la fenêtre, l'ennui des personnages, mais également les restaurants, seront des approches plusieurs fois exploitées par Hopper, même si les œuvres de nuit sont moins courantes dans sa peinture, contrairement aux couchers de soleil ou levers du jour. Dans ce tableau, la vue du spectateur à travers la vitre se fait de l'extérieur vers l'intérieur, et non pas l'inverse comme le peintre en avait l'habitude. La solitude de la ville et l'isolement des personnages sont renforcés par cette vision avec la vitre qui vient entourer la scène éclairée ; cet angle de vue sera repris par le peintre en 1962 dans New York Office. Se dégagent de ce tableau un mélange de proximité et d'absence de lien.
Selon plusieurs avis, le tableau aurait été inspiré à Hopper par une nouvelle d'Hemingway publiée en 1927 et intitulée Les Tueurs, dans laquelle deux tueurs attendent en vain leur victime dans un bar.
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| E. HOPPER |
(Source : wikipedia)
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