Ce n'est pas de la chèvre de Monsieur
Seguin que je veux vous parler aujourd'hui, mais de Tzighina, la
chèvre de François. Elle aussi a les yeux doux, une petite
barbiche, mais ses poils roux et courts, lui font une
jolie robe chamoisée et, surtout, elle n'est pas
indépendante comme l'était Blanquette. Tzighina est née dans une
bergerie de la plaine. Elle se souvient de son enfance, du bon lait
maternel qu'elle tétait goulument à la chaude mamelle et des
cabrioles insouciantes en compagnie des autres biquettes. Un jour,
tout a changé : plus de chaude mamelle ni de cabrioles, mais la
monotonie de l'herbe de la plaine et puis le départ avec François,
la solitude dans la remise et les longues journées
attachée au pieu de la clôture. Elle a pleuré ..bêlé
..bêlé..pleuré..longtemps.... Seuls les merles qui envahissaient
le cerisier lui tenaient compagnie et lui redonnaient confiance.
Un jour, Pierrot, le berger, proposa à François de prendre Tzighina dans son troupeau pour la journée. Depuis elle parcourt la montagne, broute avec gourmandise les herbes odorantes, respire l'air frais et parfumé et s'enivre de soleil. Hélas, chaque matin, à la barrière de la bergerie de Pierrot, il y a Brunasca et Falchina, deux chèvres noires, qui, l'oeil mauvais, guettent son arrivée.
Un jour, Pierrot, le berger, proposa à François de prendre Tzighina dans son troupeau pour la journée. Depuis elle parcourt la montagne, broute avec gourmandise les herbes odorantes, respire l'air frais et parfumé et s'enivre de soleil. Hélas, chaque matin, à la barrière de la bergerie de Pierrot, il y a Brunasca et Falchina, deux chèvres noires, qui, l'oeil mauvais, guettent son arrivée.
C'est
alors qu'un triste matin d'hiver Tzighina décide de revenir à la
bergerie de Pierrot car dans les hautes montagnes l'herbe n'est plus
bonne à brouter. Et comme tous les matins, Brunasca et Falchina sont
là et la voient arriver. Elles n'aiment pas la chèvre de François
alors elles décident de tout faire pour qu'elle reparte et ne
revienne plus jamais à la bergerie ! Elles commencent donc par lui
dire qu'elle ne vient que pour profiter de la bonne herbe de Pierrot
et qu'elle ne la mérite pas car elle s'autorise à vagabonder dans
les hautes herbes de la montagne... Elles n'arrêtent pas de lui
raconter des histoires pour la persuader de ne plus jamais revenir
les voir. Et malheureusement elles réussissent ! Trois jours plus
tard Tzighina en a assez et repart dans la montagne.
Mais,
errer seule dans la montagne ne convient guère à notre chevrette ;
elle a besoin de compagnie .Un beau matin, elle se rapproche de la
bergerie. Dès qu'elles l'aperçoivent ,les deux noiraudes bêlent
méchamment :
- Va-t-en muvraccia ! Tu n'es pas de chez nous, on te l'a dit : ici c'est "la bergerie des longs poils", on ne veut pas de toi, dégage !
- Va-t-en muvraccia ! Tu n'es pas de chez nous, on te l'a dit : ici c'est "la bergerie des longs poils", on ne veut pas de toi, dégage !
Cornebeccu,
le bouc, qui n'est pas indifférent à cette chèvre élégante, aux
cornes droites et fines, si différente de ses compagnes habituelles,
intervient et la protège. Pierrot a fini de traire ; il ouvre la
barrière libérant les bêtes qui s'égaillent sur les pentes de la
montagne. Au détour d'un massif d'arbousiers, Brunasca et Falchina
attaquent Tzighina à coups de cornes. Les cris désespérés de la
chevrette alertent le chien Berbinu qui vient remettre de l'ordre.
Meurtrie, saignant de la tête, Tzighina se cache un long moment dans
les fougères puis bondissant au hasard du chemin, broutant ici un
cyste, là une branche de chêne vert, elle se retrouve à la nuit
tombante devant une casetta au toit herbu. Épuisée, elle se couche
et s'endort dans ce refuge inespéré. Un léger chuintement lui fait
dresser l'oreille. Une forme blanche, deux yeux énormes qui la
fixent, c'est Malacella, la chouette, qui chuchote : "Qui
es-tu, étrangère ?"
...à suivre
Ah,ah !suspense ..
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