mercredi 22 avril 2015

HISTOIRE DU JOUR

Fin d'après-midi d'un dimanche d'avril dans le métro parisien : ligne "Porte d'Orléans - Porte de Clignancourt". Pas la foule. Un homme, appelons-le Simon, mais oui, c'est lui, c'est Simon, je reconnais sa moustache. Cet homme regarde défiler les stations.
Il a déjà parcouru la ligne aller et retour et ne se résigne pas à descendre "Gare de l'Est" pour rejoindre la cité banlieusarde où l'attendent son travail, sa maison et sa famille. Un groupe de joyeux voyageurs envahit le wagon : des jeunes. Ils ont fait la fête, heureux... insouciants. Station "Chatelet", voici l'accordéoniste : un peu de nostalgie.. saudade… pas beaucoup de recette.
- Allons, ressaisis-toi Simon ! Il faut faire face ! Il se rejoue en boucle la dispute d'hier soir, la énième avec sa femme. Toujours le même sujet.

Dans sa jeunesse, Simon avait été le piéton de Paris ; de Montmartre à Montparnasse, de Vincennes à Neuilly, il avait usé ses semelles. Galeries d'art, musées, théâtres, concerts il s'était nourri de toute cette culture, cette beauté. Mais, toujours, les congés le ramenaient vers Kallisté.
Avec sa femme, Martine, ils avaient acheté une petite maison dans son village natal : randonnées en montagne, promenades en mer et plaisirs de la plage, tant que les enfants étaient petits tout allait bien. Les vacances comblaient sa petite famille et lui, retrouvait ses racines. .
Peu à peu, tout avait changé. Martine voulait voyager. La maison fut vendue, on acheta un camping-car : la Vendée, le pays Basque, les longues plages du Languedoc... La France est belle ! Mais pour Simon quelques week-ends dans l'île n'apaisaient pas sa soif ! De plus en plus le pays lui manquait : le grand ciel, les montagnes, la mer, il les sentait si loin, si proches.
Après vingt cinq ans dans la gendarmerie, Simon avait pensé prendre sa retraite et installer, dans l'ancienne bergerie du grand-père, une maison d'hôtes. Il nettoierait les jardins d'autrefois repris par le maquis et les cultiverait. Ces projets l'exaltaient et lui chauffaient le coeur. Son fils aîné, militaire, avait quitté le foyer, mais sa fille, Annie, peinait toujours dans ses études de droit. Quant à sa femme, elle s'opposait à ce changement de vie. Pas question d'abandonner son métier d'infirmière et sa vie citadine. De plus, elle n'avait aucun goût pour la campagne. Simon était dans une impasse : sa femme et son pays étaient inconciliables. Le mal-être s'était installé dans le couple.

2 commentaires:

  1. Dans sa jeunesse ,Simon avait été le piéton de Paris ; de Montmartre à Montparnasse ,de Vincennes à Neuilly ,il avait usé ses semelles .Galeries d'art,musées ,théâtres , concerts il s'était nourri de toute cette culture ,cette beauté .Mais, toujours , les congés le ramenaient vers Kallisté .
    Avec sa femme ,Martine, ils avaient acheté une petite maison dans son village natal :randonnées en montagne ,promenades en mer et plaisirs de la plage ,tant que les enfants étaient petits tout allait bien. Les vacances comblaient sa petite famille et lui ,retrouvait ses racines .
    Peu à peu , tout avait changé .Martine voulait voyager .La maison fut vendue ,on acheta un camping- car :La Vendée ,Le pays Basque ,les longues plages du Languedoc ,...La France est belle ....Mais pour Simon quelques week- ends dans l'île n'apaisaient pas sa soif ! De plus en plus le pays lui manquait :Le grand ciel ,les montagnes ,la mer , il les sentaient si loin ,si proches .
    Après vingt cinq ans dans la gendarmerie,Simon avait pensé prendre sa retraite et installer dans l'ancienne bergerie du grand-père ,une maison d'hôtes.Il nettoierait les jardins d'autrefois repris par le maquis et les cultiverait .Ces projets l'exaltaient et lui chauffaient le coeur .Son fils aîné ,militaire ,avait quitté le foyer ,mais sa fille ,Annie ,peinait toujours dans ses études de droit. Quant à sa femme ,elle s'opposait à ce changement de vie .Pas question d'abandonner son métier d'infirmière et sa vie citadine .De plus ,elle n'avait aucun goût pour la campagne .Simon était dans une impasse :Sa femme et son pays étaient inconciliables .Le mal-être s'était installé dans le couple .

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  2. Gare de l'Est : Simon arpentait le hall en attendant le prochain train pour G ..Le Transilien débarquait pêle-mêle des groupes de voyageurs , cyclistes ,randonneurs ,fatigués et contents de leur journée en plein air.
    Devant le kiosque à journaux , une silhouette familière :Annie , sa fille ,elle avait passé le week end avec sa cousine Dora.
    A présent , assis côte à côte dans le wagon,père et fille bavardaient: Annie confiait à Simon sa décision d'abandonner ses études ,le droit l'ennuyait.Avec Dora ,qui avait un B.T.S. en hôtellerie,elles allaient ouvrir, le mois prochain , un restaurant de plage dans le nord de l'île. Plus tard, elles envisageaient la gérance d'un hôtel .
    Simon révélait à sa fille que, parfois , il éprouvait de la rancoeur envers Martine.Il lui semblait qu'elle ne faisait aucun effort pour essayer de comprendre son profond attachement pour l'île ,il se sentait abandonné .
    Annie comprenait le désarroi de son père qui ne pouvait choisir entre ses deux amours :sa femme et son pays.Elle pensait que c'était une sorte de maladie qui couvait chez la plupart des insulaires. Un beau jour,elle explosait et ils se trouvaient sans remèdes ,irrémédiablement attirés par ce petit bout de terre.Les autres ne pouvaient pas comprendre .Ainsi la tante Jeanne, parisienne ,qui disait que son mari ,l'oncle Antoine,obsédé par le "figatellu" et le "brocciu" ,était un handicapé .
    Annie avait imaginé une solution au problème parental :A la fin de la saison d'été ,elle remplacerait son père à la maison d'hôtes. Ainsi ,Simon pourrait passer une partie de l'année avec sa femme .Annie était sûre de convaincre sa mère et tout s'arrangerait.
    Qu'en pensait son père ?
    Simon regarda tendrement sa fille et murmura :"E cusi sia " .

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