lundi 22 juin 2015

Le latin, inutile ?

Un professeur d’anglais au lycée Janson de Sailly M. las Vergnas, répond spirituellement aux contempteurs des études classiques ; c’est dans un discours prononcé à la distribution solennelle des prix. (vers 1930)
"Je regrette de ne pouvoir reprendre l’antique coutume de prononcer le discours en latin …… mais, que voulez-vous, la mode est passée et il n’est personne, à l’heure actuelle, qui aurait le téméraire courage de le ressusciter.
Primo, comme disait un latiniste de mes amis, cela pourrait passer pour un ultimatum aux humanités modernes ….. et ce serait ipso facto un véritable outrage au statu quo que de faire ex cathedra un pareil lapsus.
Secundo il faut de plus en plus s’exprimer en français, c’est la condition sine qua non pour être persona grata.
Tertio, il ne faut pas ajourner sine die la remise de l’exeat que vous attendez, soit dit en aparte, comme nec plus ultra. Finis les pensums, finis les vétos ; l’heure est aux accessits, aux ex aequoet cætera.
Dans un instant vous serez récompensés au prorata de vos efforts. On proclamera orbi et urbi vos résultats, non point grosso modo, mais in extenso, et vous emporterez un palmarès que vous conserverez jalousement en duplicata, comme mémento, première ébauche au sein de l’alma mater - alias l’université - de votre curriculum vitae.
Vous partirez ad libitum les uns par l’omnibus, les autres pedibus cum jambis ou vice et versa.
Aussi ne veux-je plus retarder votre sortie d’un seul alinéa ou d’un seul post-scriptum et parvenu à mon terminus, je me contente de vous dire simplement, in extrémis : mes chers amis, au revoir et belles vacances …"

4 commentaires:

  1. Gratias maximas à ce Monsieur. Belle illustration.

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  2. D.D, j'ai fait 6 ans de Latin, je n'y étais pas mauvais, je dois même avouer (masochisme ?) que j'y prenais un certain plaisir, je sais tout ce que mon usage du français doit à cette mère latine, mais je ne peux pas ne pas m'interroger sur ce que signifient pour une classe actuelle de Clichy sous Bois: Tacite, Tite-Live, César ou Ciceron...????

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  3. Il suffirait de le leur apprendre! Les enfants, les ados, sont souvent curieux et ravis qu'on les pense capables de...Et du coup, ils le sont! Senghor, pour sa part, n'avait pas hésité à imposer le latin et le grec dans les classes de collège et de lycée du Sénégal, les profs pratiquant une méthode de latin vivant" parlé pendant les cours. La méthode avait pour nom "africanae latine discunt", et elle portait ses fruits, dans un contexte dont le français n'était pas la langue maternelle, loin de là! Mais enfin, les enfants discutaient en latin en classe et l'apprentissage du français leur semblait ainsi plus facile...
    Limpia

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  4. Même à Clichy on peut être sensible aux textes anciens. Pour ma part, nous avons passé beaucoup de temps sur la guerre des gaules, ce n'est pas en soi transcendant. Ce n'est pas tant les auteurs qui sont importants que ce qui est porté par cette langue ancienne.La construction du latin est assez riche mais assez rigoureuse et donc son apprentissage peut aider dans la maitrise d'autres matières et pas seulement du français.

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