Migrations
Pan !...pan !....pan !...
- N’aie pas peur Culombu, ce n’est pas pour nous.
- Je suis nerveux en ce moment, tu sais Bizet, le moindre bruit m’impressionne.
- C’est pour effaroucher les sansonnets qui se sont installés sur les platanes du boulevard. Des centaines, des milliers peut-être. J’admire leur danse ondulante dans le crépuscule, mais leurs criailleries m’exaspèrent.
- Oui, sous la lumière des lampadaires, ils se disputent toute la nuit. On ne peut plus dormir. Je crois qu’ils partent demain, bon débarras !
- À la fin du mois, ce sera notre tour. Vous êtes prêts, toi et ta colombine ?
- Je suis anxieux, ami, malheureux aussi, car ma douce a décidé de rester ici.
- L’hiver ! Dans cette région ! Folie !
- Elle dit qu’elle en a assez de ces voyages organisés. Cela fait quinze ans qu’elle suit la même route, visite les mêmes lieux, ça ne l’intéresse plus. Elle est fatiguée. L’an dernier, lors d’un grand coup de vent d’ouest, nous avons été déviés sur la mer et avons fait halte dans une île, Kallisté, je crois. Les articulations de ses ailes la faisaient souffrir. Nous avons passé là l’hiver, fuyant les chasseurs embusqués et cherchant nourriture et abri dans un bois de chênes. Nous avons pu revenir ici au printemps, dans le sillage d’un vol d’oies cendrées.
- Alors, Colomba ne veut pas partir, elle te laisse aller seul, toi qui l’aimes d’amour tendre. Qui va la câliner, comment va-t-elle se nourrir ?
- Elle est amie avec Dame Livia qui, messagère militaire, a navigué sous tous les vents, sans GPS, de pigeonnier en pigeonnier. Elle a vieilli, sa vue et son odorat ont baissé. Depuis deux ans elle mène ici une vie simple et sédentaire. Le petit déjeuner est servi au quotidien sur la passerelle. Ensuite, au gré du temps, on peut rallier des groupes d’amis qui partagent volontiers maïs et autres graines sur la placette.
- Oui, mais, le plein hiver, la tramontane, la neige ?
- Livia dit qu’il neige rarement et que l’on peut trouver refuge sous les auvents des nombreuses boutiques abandonnées. Que je suis malheureux, Bizet, inquiet, angoissé. Que faire ? Partir sans elle ? Rester ? Non, je ne peux renoncer à ce voyage, au plaisir de frôler la crête nuageuse du ciel, de plonger dans la masse cotonneuse, de survoler le patchwork coloré des campagnes, sentir le vent caressant, lutter parfois, pour atteindre ce bout de terre bien aimé où je suis né. Là, où Océan et Méditerranée se rencontrent et se mêlent : Tarifa.
Pan !...pan !....pan !...
- N’aie pas peur Culombu, ce n’est pas pour nous.
- Je suis nerveux en ce moment, tu sais Bizet, le moindre bruit m’impressionne.
- C’est pour effaroucher les sansonnets qui se sont installés sur les platanes du boulevard. Des centaines, des milliers peut-être. J’admire leur danse ondulante dans le crépuscule, mais leurs criailleries m’exaspèrent.
- Oui, sous la lumière des lampadaires, ils se disputent toute la nuit. On ne peut plus dormir. Je crois qu’ils partent demain, bon débarras !
- À la fin du mois, ce sera notre tour. Vous êtes prêts, toi et ta colombine ?
- Je suis anxieux, ami, malheureux aussi, car ma douce a décidé de rester ici.
- L’hiver ! Dans cette région ! Folie !
- Elle dit qu’elle en a assez de ces voyages organisés. Cela fait quinze ans qu’elle suit la même route, visite les mêmes lieux, ça ne l’intéresse plus. Elle est fatiguée. L’an dernier, lors d’un grand coup de vent d’ouest, nous avons été déviés sur la mer et avons fait halte dans une île, Kallisté, je crois. Les articulations de ses ailes la faisaient souffrir. Nous avons passé là l’hiver, fuyant les chasseurs embusqués et cherchant nourriture et abri dans un bois de chênes. Nous avons pu revenir ici au printemps, dans le sillage d’un vol d’oies cendrées.
- Alors, Colomba ne veut pas partir, elle te laisse aller seul, toi qui l’aimes d’amour tendre. Qui va la câliner, comment va-t-elle se nourrir ?
- Elle est amie avec Dame Livia qui, messagère militaire, a navigué sous tous les vents, sans GPS, de pigeonnier en pigeonnier. Elle a vieilli, sa vue et son odorat ont baissé. Depuis deux ans elle mène ici une vie simple et sédentaire. Le petit déjeuner est servi au quotidien sur la passerelle. Ensuite, au gré du temps, on peut rallier des groupes d’amis qui partagent volontiers maïs et autres graines sur la placette.
- Oui, mais, le plein hiver, la tramontane, la neige ?
- Livia dit qu’il neige rarement et que l’on peut trouver refuge sous les auvents des nombreuses boutiques abandonnées. Que je suis malheureux, Bizet, inquiet, angoissé. Que faire ? Partir sans elle ? Rester ? Non, je ne peux renoncer à ce voyage, au plaisir de frôler la crête nuageuse du ciel, de plonger dans la masse cotonneuse, de survoler le patchwork coloré des campagnes, sentir le vent caressant, lutter parfois, pour atteindre ce bout de terre bien aimé où je suis né. Là, où Océan et Méditerranée se rencontrent et se mêlent : Tarifa.
Quelle belle plume !! ;-))
RépondreSupprimerEt joli jeu de mots! Ce texte va bien avec le début de l'automne.
RépondreSupprimerAllégorie? Ont-ils passé " le temps d'aimer"?
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