lundi 7 décembre 2015

Le coin des poètes... (envoi de Battine)

"Décembre" d'Émile Verhaeren (1855-1916)

- Ouvrez les gens ,ouvrez la porte,
Je frappe au seuil et à l'auvent,
Ouvrez les gens, je suis le vent,
Qui s'habille de feuilles mortes.
                xxx
-Entrez, monsieur , entrez le vent,
Voici pour vous la cheminée
Et sa niche badigeonnée;
Entrez chez nous, monsieur le vent.
..........................................................
- Levez les gens la barre en fer,
Ouvrez les gens, je suis la neige,
Mon manteau blanc se désagrège
Sur les routes du vieil hiver.
                xxx
- Entrez la neige,entrez la dame,
Avec vos pétales de lys
Et semez-les par le taudis
Jusque dans l'âtre où vit la flamme.
                xxx
Car nous sommes les gens inquiétants
Qui habitent le Nord des régions désertes,
Qui vous aimons, dites, depuis quels temps?-
Pour les peines que nous avons par vous souffertes.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤
 
...des extraits de "La nuit de Décembre" d'Alfred de Musset (1810-1857).

"Le poète"

Du temps que j'étais écolier,
Je restais un soir à veiller
Dans notre salle solitaire.
Devant ma table vint s'asseoir ,
Un pauvre enfant vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
                xxx
Son visage était triste et beau.
A la lueur de mon flambeau,
Dans mon livre ouvert il vint lire.
Il pencha son front sur ma main,
Et resta jusqu'au lendemain,
Pensif, avec un doux sourire.
                xxx
Comme j'allais avoir quinze ans,
je marchais un jour, à pas lents,
Dans un bois , sur une bruyère.
Au pied d'un arbre vint s'asseoir
Un jeune homme vêtu de noir ,
Qui me ressemblait comme un frère.
                 xxx
Je lui demandai mon chemin;
Il tenait un luth d'une main,
De l'autre un bouquet d'églantine.
Il me fit un salut d'ami,
Et, se détournant à demi,
Me montra du doigt la colline.
..........................................................
.............................................................
Qui donc es-tu, spectre de ma jeunesse,
Pèlerin que rien n'a lassé ?
Dis-moi pourquoi je te trouve sans cesse
Assis dans l'ombre où j'ai passé.
Qui donc es-tu, visiteur solitaire,
Hôte assidu de mes douleurs ?
Qu'as-tu donc fait pour me suivre sur terre ?
Qui donc es-tu, qui donc es-tu, mon frère,
Qui n'apparais qu'au jour des pleurs?
                xxx
"La vision"

- Ami, notre père est le tien.
Je ne suis ni l'ange gardien,
Ni le mauvais destin des hommes.
Ceux que j'aime, je ne sais pas
De quel côté s'en vont leurs pas
Sur ce peu de fange où nous sommes.

                xxx
Je ne suis ni dieu ni démon,
Et tu m'as nommé par mon nom
Quand tu m'as appelé ton frère ;
Où tu vas,  j'y serai toujours,
Jusques au dernier de tes jours,
Où j'irai m'asseoir sur ta pierre.
 

                xxx              
Le ciel m'a confié ton cœur,
Quand tu seras dans la douleur,
Viens à moi sans inquiétude,
Je te suivrai sur le chemin:
Mais je ne puis toucher ta main,
Ami, je suis la Solitude.

                xxx

Ce poème est très long, vous pouvez le trouver sur YOU TUBE.
C'est un des poèmes  du recueil : LES NUITS, écrit en 1835 et qui est un chef-d'œuvre du Romantisme français. _ (Battine)

3 commentaires:

  1. Toujours là Battne.....Bravo !

    RépondreSupprimer
  2. La peinture, la musique, la poésie, la nature, pour un moment de répit et de calme dans le tintamarre actuel.

    RépondreSupprimer
  3. Battine,quand je lis ton prénom, des souvenirs reviennent en mémoire, au fils des ans tu as su rester toi même, je me régale de lire tes poèmes.

    RépondreSupprimer