De l’efficacité de la poésie ( un envoi de JB)

Quelques années en arrière et alors que les arbres parlaient…Le service dans lequel je travaillais avait emménagé provisoirement, en attendant la construction de nouveaux bâtiments, dans des locaux situés à Cachan (Val de Marne) à environ 5 km de mon domicile. Je m’y rendais le matin à pied. Mon itinéraire empruntait, entre autres, l’avenue Malleret –Joinvile, pentue et bordée de tilleuls, de la commune d’Arcueil. Un gros véhicule utilitaire, hors service apparemment et servant de remise à un commerçant, était garé en permanence, dans le sens de la descente, contre un tilleul qui visiblement en souffrait beaucoup, vu la plaie qu’il occasionnait à son écorce. J’en avais averti les services de la mairie. Voyant la situation ne pas évoluer, je décidai de faire un nouveau courrier au maire mais en vers cette fois et le résultat fut immédiat, le camion fut retiré. Il m’est arrivé maintes fois, longtemps après, de passer par cet endroit et chaque fois, j’éprouvais la satisfaction de voir mon tilleul reprendre de la vigueur et sa plaie se refermer petit à petit.

 

Monsieur le maire d’Arcueil,

 

Je suis le tilleul de l’avenue Malleret-Joinville

celui qui a un gros camion sur son dos

Ma lettre d’août a dû vous paraître futile

mais moi je veux vivre sans ce fardeau

Après tout moi aussi je suis de la ville

je paie en chlorophylle mes impôts

 

Ah ! Que la tisane est amère

servie par des pare-chocs bleus

Qu’attendez-vous monsieur le maire

pour les faire reculer juste un petit peu

Un tilleul vit à deux avec l’air

et pas avec les camions parbleu !

 

Si vous deviez rester sourd à ma plainte

si de marbre devait rester votre cœur

longtemps vous entendrez ma complainte

portée par le vent dans les arbres et les fleurs

Elle vous dira que ma peine n’est pas feinte

qu’elle n’est pas feinte ma rancœur.

 

Avec mes respectueuses salutations,

Signé : le tilleul de l’avenue Malleret-Joinville