Parmi
mes poèmes favoris, il y a ,appris en CM avec Monsieur DOMINICI,
"Les Regrets" de Joachim Du Bellay (1522 - 1560) :
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un long voyage,
Où comme celui-là qui conquit la Toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province et beaucoup d'avantage ?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine,
Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.
( Je l'ai toujours en mémoire,) Battine.
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Les
fleuves (I fiumi) Giuseppe Ungaretti
Je m'appuie à cet arbre mutilé
Abandonné dans un creux
Qui a la langueur
D'un cirque
Avant ou après le spectacle
Et je regarde
Le passage tranquille
Des nuages sur la lune.
Ce matin je me suis étendu
Dans une urne d'eau
Où comme une relique
J'ai reposé.
Dans sa course l'Isonzo
Me polissait comme un galet.
J'ai ramassé mes quatre os
Et m'en suis allé comme un acrobate
Sur l'eau.
Près de mes nippes
Sales e guerre
Je me suis pelotonné,
M'inclinant comme un bédouin
Pour recevoir le soleil.
Voici l'Isonzo
Et c'est là que je me suis
Reconnu le mieux
Une fibre docile
De l'univers.
Ne pas me croire en harmonie est ma torture.
Mais les occultes mains qui me pétrissent
M'accordent
Ce rare bonheur.
J'ai repassé
Les époques
De ma vie
Ce sont là mes fleuves.
Celui-ci est le Serchio
Auquel ont puisé
Deux mille ans peut-être
De ma race paysanne
Et mon père et ma mère.
Celui-là est le Nil
Qui m'a vu naître et grandir
Et brûler d'insouciance
Dans ses plaines infinies.
Celle-ci est la Seine,
Je me suis rebrassé dans son trouble
Et me suis connu.
Tels sont mes fleuves
Que j'ai comptés dans l'Isonzo
Et telle est ma nostalgie
Qui sous chacun
Transparaît pour moi
A cette heure de la nuit
Où ma vie semble
Une
corolle Je m'appuie à cet arbre mutilé
Abandonné dans un creux
Qui a la langueur
D'un cirque
Avant ou après le spectacle
Et je regarde
Le passage tranquille
Des nuages sur la lune.
Ce matin je me suis étendu
Dans une urne d'eau
Où comme une relique
J'ai reposé.
Dans sa course l'Isonzo
Me polissait comme un galet.
J'ai ramassé mes quatre os
Et m'en suis allé comme un acrobate
Sur l'eau.
Près de mes nippes
Sales e guerre
Je me suis pelotonné,
M'inclinant comme un bédouin
Pour recevoir le soleil.
Voici l'Isonzo
Et c'est là que je me suis
Reconnu le mieux
Une fibre docile
De l'univers.
Ne pas me croire en harmonie est ma torture.
Mais les occultes mains qui me pétrissent
M'accordent
Ce rare bonheur.
J'ai repassé
Les époques
De ma vie
Ce sont là mes fleuves.
Celui-ci est le Serchio
Auquel ont puisé
Deux mille ans peut-être
De ma race paysanne
Et mon père et ma mère.
Celui-là est le Nil
Qui m'a vu naître et grandir
Et brûler d'insouciance
Dans ses plaines infinies.
Celle-ci est la Seine,
Je me suis rebrassé dans son trouble
Et me suis connu.
Tels sont mes fleuves
Que j'ai comptés dans l'Isonzo
Et telle est ma nostalgie
Qui sous chacun
Transparaît pour moi
A cette heure de la nuit
Où ma vie semble
De ténèbres.
(Traduction de Jean Lescure)
Évidemment le poème est à apprécier en italien même si la qualité de la traduction est excellente.
Comme disait si bien Dante : "traduttore traditore".
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Si...
Si tu
peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu
peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;
Si tu
sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être que penseur ;
Si tu sais être dur, sans jamais être en rage,
Si tu sais être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral et pédant ;
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être que penseur ;
Si tu sais être dur, sans jamais être en rage,
Si tu sais être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral et pédant ;
Si tu
peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois les Dieux la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme mon fils !
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois les Dieux la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme mon fils !
Rudyard
Kipling
Ce poème
fut écrit en 1910, à l'intention
de son fils, John, alors agé de 12 ans.
John mourrut lors de la 1ère guerre mondiale
de son fils, John, alors agé de 12 ans.
John mourrut lors de la 1ère guerre mondiale
Bravo Battine ! Tu as toujours aussi bonne mémoire.ad.
RépondreSupprimerCette fable de La Fontaine m'a beaucoup guidé dans l'exercice de mon métier ...c'est pourquoi je vous la livre aujourd'hui.
RépondreSupprimerL'enfant et le Maître d'école.
Dans ce récit je prétends faire voir
D'un certain sot la remontrance vaine.
Un jeune enfant dans l'eau se laissa choir
En badinant sur les bords de la Seine.
Le ciel permit qu'un saule se trouva,
Dont le branchage, après Dieu le sauva.
Sétant pris,dis-je,aux branches de ce saule,
Par cet endroit passe un maître d'école;
L'enfant crie:"Au secours!je péris."
Le magister,se tournant à ses cris,
D'un ton fort grave à contretemps s'avise
De le tancer:"Ah!le petit babouin!
Voyez,dit-il,où l'a mis sa sottise!
Et puis,prenez de tels fripons le soin.
Que les parents sont malheureux qu'il faille
Toujours veiller à semblable canaille!
Qu'ils ont de maux! et que je plains leur sort!"
Ayant tout dit,il mit l'enfant à bord.
Je blâme ici plus de gens qu'on ne pense.
Tout babillard,tout censeur,tout pédant
Se peut connaître au discours que j'avance.
Chacun des trois fait un peuple fort grand:
Le créateur en a béni l'engeance.
.
En toute affaire ils ne font que songer
Aux moyens d'exercer leur langue.
Eh! mon ami, tire-moi de danger,
Tu feras après ta harangue.
A une passante
RépondreSupprimerCharles Baudelaire
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair… puis la nuit! – Fugitive beauté
Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité?
Ailleurs, bien loin d’ici! trop tard! jamais peut-être!
Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
O toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais!
Charles Baudelaire
Un des plus beaux poèmes sur l'amour qu'on a laissé passer...
Limpia