mercredi 27 avril 2016

HISTOIRE DU JOUR... (la suite "anonyme")

"Questions" (suite)

À quoi rêves-tu, jeune femme, penchée sur ton ouvrage, à cette heure chaude de la journée ? Tu n’as plus ta frange légère et ton regard s’est adouci .
- C’est l’heure de la sieste et dans le quartier tout est calme. Je suis bien à l’ombre de ce vieux figuier ; je brode le linge de mon trousseau et je pense à mille choses : À mon père, que j’ai si peu connu, mort à la guerre quand j’avais dix ans. À ma mère, fourmi noire, si jeune encore et déjà vieille, élevant seule ses trois enfants, soutenant la famille de son frère, l’oncle Jean, tu te souviens de lui ?
- Oui, il s’était exilé sur le continent pour échapper aux bandits.
- C’est ça ; eh bien, embarqué sur le BALKAN pour venir voir sa famille… il est mort dans le naufrage.
- Triste destin.
- Je songe aussi à mes frères, partis si jeunes sur le continent, pour construire leur avenir et que nous voyons si peu.
- Tu te souviens de notre voyage dans le cabriolet de monsieur Filipettu ? Plus de vingt ans ont passé, Furdanu, le cheval est mort ; son maître ne va plus en ville vendre son vin rosé, les clients viennent chez lui remplir leurs dames-jeannes et refaire le monde en trinquant. Je le vois souvent, silhouette noire, inspectant sa vigne sous son chapeau de paille .
- Et toi, tu es pêcheur à présent comme ton père ?
- Non, ce n’était pas ma vocation. Je suis cordonnier. J’ai repris l’échoppe de mon oncle dans une petite rue, non loin du marché : J’aime l’odeur du cuir, j’aime donner forme à cette belle matière.
- Mais… la mer ?
- La mer, je la sens, je l’entends, elle est là, pas loin. De temps en temps, je sors en barque avec mon père et mes enfants. C’est un plaisir, une récréation. Tu es fiancée, m’a-t-on dit ?
- Je l’étais, c’est fini, il a, sans doute, choisi une dot plus confortable. Mais c’est un mal pour un bien car je suis amoureuse et j’attends un enfant… Personne ne le sait. (À suivre.)


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