Marius Borgeaud
"Intérieur aux deux verres"_1923
Huile sur toile. (97 cm X 130 cm)
Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne.
|
"carédar-258" |
Chez
Borgeaud, les intérieurs sont baignés d’une lumière qui
réchauffe et semble suspendre le temps. Les objets sont
immédiatement identifiables et bien présents, et ce n’est que
dans un second temps que l’on remarque leur simplicité : des
surfaces, des lignes, des accords sans autre détail que l’ombre
qui leur confère un peu de volume. Rien n’est dissimulé, pourtant
tout un ballet d’ombres se met en place. Si on comprend
immédiatement que l’éclairage de cet "Intérieur aux deux verres"
provient de la fenêtre, la cohérence d’une unique source
lumineuse n’est pas respectée strictement. Le peintre dispose les
ombres projetées des pieds de la table et des chaises, des verres et
du vase comme des aiguilles sur un cadran.
Ce tableau a été réalisé en 1923, durant l’avant-dernier été passé par Borgeaud à Audierne, sur la côte bretonne. L’été suivant sera interrompu par la maladie qui va l’emporter. La fenêtre s’ouvre sur un horizon marin qu’on retrouve dans quelques tableaux de la fin de sa vie. La mer n’a pas souvent été un motif pour Borgeaud. Sa Bretagne est un pays de l’intérieur des terres. L’exception ici renforce le contraste et la richesse du dialogue entre le dedans et le dehors.
Autre élément caractéristique des dernières œuvres : le vide "habité" de la pièce. Les hôtes des lieux ne sont pas loin. Sur la table, deux verres vides témoignent qu’ils ont été bus. Malicieusement, la bouteille qui les a remplis est cachée derrière un bouquet. Le maître reviendra-t-il pour prendre le chapeau oublié ? On ne le saura pas. Il semble que cet intervalle pourrait durer l’éternité, insufflant par cette interrogation, par ce suspens, une vie supplémentaire au tableau.
Ce tableau a été réalisé en 1923, durant l’avant-dernier été passé par Borgeaud à Audierne, sur la côte bretonne. L’été suivant sera interrompu par la maladie qui va l’emporter. La fenêtre s’ouvre sur un horizon marin qu’on retrouve dans quelques tableaux de la fin de sa vie. La mer n’a pas souvent été un motif pour Borgeaud. Sa Bretagne est un pays de l’intérieur des terres. L’exception ici renforce le contraste et la richesse du dialogue entre le dedans et le dehors.
Autre élément caractéristique des dernières œuvres : le vide "habité" de la pièce. Les hôtes des lieux ne sont pas loin. Sur la table, deux verres vides témoignent qu’ils ont été bus. Malicieusement, la bouteille qui les a remplis est cachée derrière un bouquet. Le maître reviendra-t-il pour prendre le chapeau oublié ? On ne le saura pas. Il semble que cet intervalle pourrait durer l’éternité, insufflant par cette interrogation, par ce suspens, une vie supplémentaire au tableau.
Marius BORGEAUD (1861 - 1924) est un peintre suisse.
Georges
Peillex propose sur l’œuvre de Borgeaud l’analyse suivante : "Le
luminisme, sans aucun doute, est à la base de son esthétique.
L’artiste est acquis à l’importance fondamentale de la lumière
depuis longtemps et c’est en fonction d’elle que tout d’abord
il s’intéresse à l’analyse de la couleur à la façon des
impressionnistes, mais par la suite, lorsqu’il trouve sa propre
manière d’interpréter le rôle des éclairages, il prendra le
contre-pied de la technique d’un Pissarro. Il substitue à la
lumière diffuse qui éclairait tout le tableau, un rayon de lumière
projeté dans une certaine direction qui se glisse en larges surfaces
et crée par opposition à lui-même des ombres opaques. Il atteint
alors progressivement à de forts contrastes en même temps qu’il
nettoie son tableau de tous les détails qui ne sont pas absolument
indispensables. […] Les différentes intensités d’éclairage qui
inspirent sa palette créent les plans successifs et commandent
l’organisation de son tableau. Elles imposent aussi la pureté de
la couleur, cette palette propre dont les effets se suffisent d’une
simple confrontation de taches qui jouent entre elles et donnent au
tableau une partie de son caractère. Les rouge, bleu, orange, ocre
et brun alliés au noir dont il fait un grand usage, au gris et au
blanc d’un large tablier, ce sont ses couleurs favorites ;
elles suffisent à rendre un climat précis, la fraîcheur ambiante
opposée à la chaleur estivale de l’extérieur et une certaine
qualité de silence […]. La rusticité, la naïveté relative exprimée par
ses toiles ne sont pas de son fait mais bien uniquement le trait
dominant d’un milieu social : tel qu’il a voulu le faire
comprendre, et à tout bien considérer, que l’on ait pu confondre
l’homme et son œuvre dit mieux que tous les éloges à quelle
exactitude d’expression l’artiste était parvenu. Il était
difficile de faire plus vrai."
Marius Borgeaud a dit : "Mon œuvre connaîtra le succès mais je ne le verrai pas."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire