Williamsburg, quartier de Brooklyn, New York été 1912.
… Les usines Losher fournissaient tous les boulangers du quartier. Leur pain, qui n'était pas enveloppé de papier ciré, séchait très vite ; mais Losher rachetait le pain rassis aux revendeurs et le cédait à moitié prix aux pauvres gens…
Les Nolan vivaient
presque exclusivement de ce pain rassis. Quel parti étonnant Katie
savait en tirer ! Par exemple, elle vous prenait une miche de pain,
versait dessus de l'eau bouillante, la pétrissait, la réduisait en
une pâte qu'elle salait, poivrait, assaisonnait de thym, d'oignons
hachés menu, voire d'un œuf (quand les œufs étaient bon
marché) et qu'elle faisait cuire au four. Quand c'était cuit et
bien doré, elle montait une sauce avec un demi-bol de purée de
tomates, deux tasses d'eau bouillante, un parfum quelconque, une
larme de café noir, épaississait avec un peu de farine, et versait
le tout sur le pain doré. C'etait bon, c'était chaud, savoureux,
nourrissant. Ce qui restait était coupé, le lendemain, en tranches
minces et frit dans un fondu de lard fumé.
Avec des tranches de pain rassis, du sucre, de la cannelle et deux sous d'émincé de pommes, Maman faisait encore un excellent pudding qu'elle arrosait de sucre fondu, après qu'il avait pris couleur. D'autres fois, elle préparait ce qu'elle appelait des Weckschnittens, ce qui, traduit tant bien que bien que mal, voulait dire une chose faite avec des déchets de pain que, d'ordinaire, on jetait aux ordures. On trempait les croûtes séchées dans une pâte presque liquide faite de farine, d'eau, de sel et d'un œuf, et on les mettait à frire dans de la graisse chaude. Pendant que ces beignets cuisaient, Francie courait chercher deux sous de sucre candi brun que l'on écrasait avec le rouleau à pâtisserie et dont on saupoudrait les beignets au moment de servir. Les cristaux ne fondaient qu'à moitié et cela faisait un dessert royal, une merveille.
Le souper du samedi était mémorable : les Nolan mangeaient des boulettes frites. Une miche de pain rassis, réduite en pâte avec de l'eau chaude, était pétrie avec dix sous de viande hachée dans laquelle on avait émincé un oignon. On ajoutait un peu de sel et deux sous de persil haché menu, pour donner du goût. De ce mélange, on faisait des boulettes qu'on mettait frire et qu'on servait avec de la sauce tomate bien chaude. Ces boulettes avaient un nom : on les nommait des fricadelles, et ce nom amusait beaucoup Francie et Neeley. Toutes ces choses que l'on faisait avec le pain rassis, du lait concentré, du café, des oignons, des pommes de terre et toujours, au dernier moment, deux sous de quelque chose, afin d'exciter l'appétit, constituaient l'essentiel de leur ordinaire...
Weckschnittens. Pains perdus ou pains dorés. La mère de Katie était autrichienne.
Avec des tranches de pain rassis, du sucre, de la cannelle et deux sous d'émincé de pommes, Maman faisait encore un excellent pudding qu'elle arrosait de sucre fondu, après qu'il avait pris couleur. D'autres fois, elle préparait ce qu'elle appelait des Weckschnittens, ce qui, traduit tant bien que bien que mal, voulait dire une chose faite avec des déchets de pain que, d'ordinaire, on jetait aux ordures. On trempait les croûtes séchées dans une pâte presque liquide faite de farine, d'eau, de sel et d'un œuf, et on les mettait à frire dans de la graisse chaude. Pendant que ces beignets cuisaient, Francie courait chercher deux sous de sucre candi brun que l'on écrasait avec le rouleau à pâtisserie et dont on saupoudrait les beignets au moment de servir. Les cristaux ne fondaient qu'à moitié et cela faisait un dessert royal, une merveille.
Le souper du samedi était mémorable : les Nolan mangeaient des boulettes frites. Une miche de pain rassis, réduite en pâte avec de l'eau chaude, était pétrie avec dix sous de viande hachée dans laquelle on avait émincé un oignon. On ajoutait un peu de sel et deux sous de persil haché menu, pour donner du goût. De ce mélange, on faisait des boulettes qu'on mettait frire et qu'on servait avec de la sauce tomate bien chaude. Ces boulettes avaient un nom : on les nommait des fricadelles, et ce nom amusait beaucoup Francie et Neeley. Toutes ces choses que l'on faisait avec le pain rassis, du lait concentré, du café, des oignons, des pommes de terre et toujours, au dernier moment, deux sous de quelque chose, afin d'exciter l'appétit, constituaient l'essentiel de leur ordinaire...
Weckschnittens. Pains perdus ou pains dorés. La mère de Katie était autrichienne.
(Extraits du livre "Le lys de Brooklyn" Betty Smith. Traduit de l'anglais (États-Unis) par Maurice Beerblock. Belfond 10/18 Nouvelle édition août 2016)
Truc pour du pain de la veille devenu trop dur ou trop mou ,humidifiez la croûte en la badigeonnant d'eau avec les mains ou à l'aide d'un pinceau de cuisine
RépondreSupprimeret enfournez 5 à 10 minutes ( selon la taille du morceau restant ) dans le four préchauffé à 180°C.