vendredi 4 décembre 2020

MUSÉE du "carédar"... [COTÁN-Nature morte_v.1600-1610]

Juan Sánchez COTÁN
"Nature morte"_v.1600-10
Huile sur toile. (69,5 cm X 96,5 cm)
Collection privée.

"carédar-433"
D'une réalité et présence surprenantes, cette simple "Nature morte" recèle un pouvoir d'illusion saisissant. La peinture méticuleuse et l'éclairage dramatique de l'artiste donnent aux fruits et aux légumes une qualité monumentale. La manière dont ils sont disposés, soit suspendus à des ficelles, soit placés sur un rebord ressemblant à une fenêtre, est d'une grande  originalité, car elle va à l'encontre de la tradition des natures mortes nordiques. Celles-là représentent généralement des tables recouvertes de repas somptueux dans tous leur apparat. Ici, au contraire, les légumes sont représentés tels quels, sans ornements. Cette nature morte cache peut-être un message d'ordre, d'austérité et de rigueur. Les nature mortes de Juan Sánchez COTÁN ont contribué à élever ce genre à un statut qui allait au-delà du purement décoratif.

Juan Sánchez COTÁN
(1560 - 1627) est un peintre espagnol du Siècle d'or, le premier de son pays dont on conserve des natures mortes. Disciple de Blas de Prado, il fut sans doute l'un des peintres qui bouleversa le plus le genre de la nature morte. Après avoir connu un succès rapide et important en peignant des portraits et des paysages,  il décide d'entrer comme un frère convers  dans l'un des ordres religieux les plus stricts qui soient à l'époque, à la Chartreuse de Grenade, institution pour laquelle il réalisa l'essentiel de ses peintures religieuses. Depuis 1935, une exposition à Madrid a permis de redécouvrir ses œuvres oubliées depuis sa mort. Il est surtout célèbre  aujourd'hui pour ses natures mortes. Parmi les pièces exposées alors se trouvait "Nature morte au chardon" qui devait être considérée comme "l'une des pierres angulaires de l'histoire de la nature morte en Espagne". Les critiques ont donné à l’austérité des compositions de COTÁN et  à leur sobriété, comme par la suite  à celles de Zurbarán, un sens mystique, tout en insistant sur la distance  que ces deux peintres ont pris avec les "natures mortes opulentes" de la  peinture flamande soulignant leur caractère "unique dans le contexte européen, établissant un parallèle avec la littérature espagnole ascétique du siècle d'or". 
 

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