"Le bracelet" ... (Jbg, vieux papiers)

Une quarantaine d’années en arrière…

Ce jour-là, en me rendant, sur le coup de midi, à la cantine de l‘Administration qui m’employait, le hasard m’avait fait découvrir un joli bracelet en or qui clignotait, parterre, de tout son éclat comme s’il voulait m’envoyer des signaux de détresse. Le lendemain de cette découverte, à travers une affichette apposée sur le panneau des annonces du hall d’entrée de la cantine, la propriétaire lançait un SOS pour ce petit bijou de famille auquel elle attribuait une grande valeur sentimentale. Le numéro de téléphone mentionné m’avait permis de prendre contact avec elle et de convenir d’un rendez-vous, pour le lendemain seulement, car cette personne venait de l’extérieur (l’accès à la cantine était permis, sous certaines conditions, à des personnes n’appartenant pas à notre Administration).

Me voilà donc, le lendemain, auprès d’une jeune dame qui attendait fiévreusement à l’endroit convenu et moi arrivé avec ma petite boîte à la main. Dans la petite boîte, j’y avais glissé le bracelet accompagné du petit mot manuscrit suivant :

« Le bracelet de la grand-tante

a quitté le bras de sa belle

et pendant trois jours il tente

de vivre sans elle.

Mais c’est dur de s’en aller,

il sait dans quel état elle est.

Il revient et il sera grondé.

Pourquoi vouloir quitter ce bras, c’est laid !

Faut-il que tu sois à mon bras scellé ?!

Le trouve(u)re »

Cette jeune femme ne savait comment me remercier. Je lui ai dit qu’elle n’avait pas à me remercier puisque je n’avais fait qu’obéir à la volonté de son bracelet et qu’en outre j’étais content, comme elle, d’avoir pu ainsi allumer un petit brasero quelque part dans mon cœur. (Jbg, vieux papiers)