Renaissance
Je n'avais que dix-sept
ans,
Mourir sans faire l'amour
Me paraissait bien
triste.
Faut-il toucher la mort
Pour connaître la vie ?
Nous
avons tous des corps
Fragiles, inassouvis.
Fin de
soirée,
Les vagues glissent
Sur le métal du casino
Et le
ciel vire à l'indigo,
Ta robe est très haut sur tes
cuisses.
Camélia blanc dans une tresse
Des cheveux lourds
et torsadés,
Ton corps frémit sous les caresses
Et la lune
est apprivoisée.
Michel Houellebecq
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Depuis
combien d'années sont-elles là, immobiles,
Ces vieilles pierres
moussues sous les halliers hostiles
Le long des chemins creux,
témoins d'un autre temps
Sentinelles figées, ne gardant que du
vent.
César
PANTANACCE
Jbg
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Lits
d'amour
Les grands lits des grandes amours
Les grands
lits qui tournent au monde
Ont toute la mer alentour
Et tout le
ciel qui les inonde
Eh, ohé, Simone et Fabrice
À bord !
Mais laissez les adieux
Les sables, les jours et les lieux
Pour
la barque aux fauves délices
Entends germer ces vents
torrides
Fabrice et toi, Simone, entends
Ce balancement dans le
vide
Où s'enfonce la nuit des temps
Gémissez, beaux
dieux, beaux esclaves
Comme gémit autour de vous
Cet océan
d'algues et de lave
Qui vous remonte jusqu'au cou
Printemps,
éclairs, soleils tigrés
Bourgeons et lèvres transitoires
Tout
vient battre ces lits sacrés
Avec l'humide préhistoire
Mes
îles de métaux qui fondent
Grands lits, navigateurs voguant
À
la lisière du néant
Les lits d'amour sont seuls au monde
Les
lits d'amour sont seuls au monde
NORGE
(Ce texte est
chanté par Jeanne Moreau)
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Bien souvent je revois…
Bien
souvent je revois sous mes paupières closes,
La nuit, mon vieux
Moulins bâti de briques roses,
Les cours tout embaumés par la
fleur du tilleul,
Ce vieux pont de granit bâti par mon aïeul,
Nos
fontaines, les champs, les bois, les chères tombes,
Le ciel de
mon enfance où volent des colombes,
Les larges tapis d’herbe où
l’on m’a promené
Tout petit, la maison riante où je suis
né
Et les chemins touffus, creusés comme des gorges,
Qui
mènent si gaiement vers ma belle Font-Georges,
À qui mes
souvenirs les plus doux sont liés.
Et son sorbier, son haut salon
de peupliers,
Sa source au flot si froid par la mousse embellie
Où
je m’en allais boire avec ma sœur Zélie,
Je les revois ;
je vois les bons vieux vignerons
Et les abeilles d’or qui
volaient sur nos fronts,
Le verger plein d’oiseaux, de chansons,
de murmures,
Les pêchers de la vigne avec leurs pêches mûres,
Et
j’entends près de nous monter sur le coteau
Les joyeux
aboiements de mon chien Calisto !
Théodore de Banville, septembre 1841
Ça alors, JBG a traduit, et avec quel talent, en langue corse des vers écrits en français !
RépondreSupprimerBravo aussi à César pour ce quatrain très réussi!
RépondreSupprimerQuel voyage en enfance sur la terre natale,
RépondreSupprimertant d'odeurs tant de bruits et de couleurs aussi,
Merci de ce poème aux accents surannés
Qui nous va droit au coeur où que nous soyons nés.
SSR