Printemps
Le
mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du
haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque
s’éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains ?
Or
des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés
des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j’ai tant
aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières
Sur
le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien
menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un
âne
Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un
fifre lointain un air de régiment
Le
mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de
rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les
roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes
Guillaume Apollinaire, Rhénanes, Alcools, 1913
Fleurs arrosées
RépondreSupprimerPar les rosées
Du mois de mai,
Que je vous aime !
Vous que parsème
L’air embaumé !
Par vos guirlandes,
Les champs, les landes
Sont diaprés :
La marguerite
Modeste habite
Au bord des prés.
Le bluet jette
Sa frêle aigrette
Dans la moisson ;
Et sur les roches
Pendent les cloches
Du liseron.
Le chèvrefeuille
Mêle sa feuille
Au blanc jasmin,
Et l’églantine
Plie et s’incline
Sur le chemin.
Coupe d’opale,
Sur l’eau s’étale
Le nénufar ;
La nonpareille
Offre à l’abeille
Son doux nectar.
Sur la verveine
Le noir phalène
Vient reposer ;
La sensitive
Se meurt, craintive,
Sous un baiser.
De la pervenche
La fleur se penche
Sur le cyprès ;
L’onde qui glisse
Voit le narcisse
Fleurir tout près.
Fleurs virginales,
A vos rivales,
Roses et lis,
Je vous préfère,
Quand je vais faire
Dans les taillis
Une couronne
Dont j’environne
Mes blonds cheveux,
Ou que je donne
A la Madone
Avec mes vœux.
Louise Colet, Fleurs du midi (1836)
Bien oubliée Louise Colet très encensée au XIXème siècle, elle a une petite rue dans sa ville d’Aix en Provence . A Paris elle était la maîtresse de Victor Cousin . Elle tomba enceinte . Le fielleux journaliste Alphonse Karr publia un article ..une piqure de Cousin ( qui est aussi un moustique ) . Tout Paris se gaussa . La poétesse était soupe au lait , elle s’arma d’un couteau de cuisine qu’elle alla planter dans le dos du goujat . Gros scandale mais la blessure n’étant pas trop grave il renonça à porter plainte . Il garda le couteau qu’il mît sur une étagère avec une étiquette : Donné par Louise Colet ..dans le dos .
bc