lundi 3 mai 2021

Joli mois de "mai"...

 Printemps

Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains ?

Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières

Sur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment

Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes

Guillaume Apollinaire, Rhénanes, Alcools, 1913

1 commentaire:

  1. Fleurs arrosées
    Par les rosées
    Du mois de mai,
    Que je vous aime !
    Vous que parsème
    L’air embaumé !

    Par vos guirlandes,
    Les champs, les landes
    Sont diaprés :
    La marguerite
    Modeste habite
    Au bord des prés.

    Le bluet jette
    Sa frêle aigrette
    Dans la moisson ;
    Et sur les roches
    Pendent les cloches
    Du liseron.

    Le chèvrefeuille
    Mêle sa feuille
    Au blanc jasmin,
    Et l’églantine
    Plie et s’incline
    Sur le chemin.

    Coupe d’opale,
    Sur l’eau s’étale
    Le nénufar ;
    La nonpareille
    Offre à l’abeille
    Son doux nectar.

    Sur la verveine
    Le noir phalène
    Vient reposer ;
    La sensitive
    Se meurt, craintive,
    Sous un baiser.

    De la pervenche
    La fleur se penche
    Sur le cyprès ;
    L’onde qui glisse
    Voit le narcisse
    Fleurir tout près.

    Fleurs virginales,
    A vos rivales,
    Roses et lis,
    Je vous préfère,
    Quand je vais faire
    Dans les taillis
    Une couronne
    Dont j’environne
    Mes blonds cheveux,
    Ou que je donne
    A la Madone
    Avec mes vœux.

    Louise Colet, Fleurs du midi (1836)

    Bien oubliée Louise Colet très encensée au XIXème siècle, elle a une petite rue dans sa ville d’Aix en Provence . A Paris elle était la maîtresse de Victor Cousin . Elle tomba enceinte . Le fielleux journaliste Alphonse Karr publia un article ..une piqure de Cousin ( qui est aussi un moustique ) . Tout Paris se gaussa . La poétesse était soupe au lait , elle s’arma d’un couteau de cuisine qu’elle alla planter dans le dos du goujat . Gros scandale mais la blessure n’étant pas trop grave il renonça à porter plainte . Il garda le couteau qu’il mît sur une étagère avec une étiquette : Donné par Louise Colet ..dans le dos .
    bc

    RépondreSupprimer