Illustration :
Marc Chagall
La cinquième saison
S’il
faut nommer le ciel je commence par toi
Je reconnais tes mains à
la forme du toit
L’été
je dors dans la grange de tes épaules
Les hirondelles de ta
poitrine me frôlent
Dressées
contre ma joue les tiges de ton sang
Le rideau de ta chevelure qui
descend
Je
te cache pour moi dans la ruche des flammes
Reine du feu parmi les
frelons noirs des âmes
Par
l’automne épargné tes yeux sont toujours verts
Les fleuves
continuent de passer au travers
Ton
souffle achève au loin le clapotis des plaines
On ne sait plus si
c’est le soir ou ton haleine
En
hiver tu secoues la neige de ton front
Tu es la tache lumineuse du
plafond
Et
je ferme au-delà des mers le paysage
Avec les hautes falaises de
ton visage
L’étrave
du printemps glisse entre tes genoux
Lentement le soleil s’est
approché de nous.
Tu
traverses la nuit plus douce que la lampe
Tes doigts frêles
battant les vitres de ma tempe
Je
partage avec toi la cinquième saison
La fleur la branche et
l’aile au bord de la maison
Les
grands espaces bleus qui cernent ma jeunesse
Sur le mur le dernier
reflet d’une caresse.
René Guy Cadou
Très beau .merci
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