vendredi 12 janvier 2024

MUSÉE du "carédar"... [van CLEEF-La Tour de Babel_1560...1580]

Hendrick van CLEEF
"La Tour de Babel"_entre 1560 et 1580
Huile sur cuivre. (42 cm X 55 cm)
Fondation Custodia, Paris.
"carédar-587"
Le contexte artistique :

À la Renaissance, on rêve d'un monde oriental que l'on assimile au cadre des épisodes bibliques. Ce monde exotique fascine peut-être parce que la communauté chrétienne y trouve ses racines et que les Croisés ont raconté tant de choses merveilleuses qui s'y sont déroulées. On aspire aussi aux splendeurs antiques de l'Italie que les artistes ne manqueront pas d'en retranscrire les aspects ruiniformes et d'en capter l'atmosphère lumineuse.

Avec cette influence italienne on assiste, chez les peintres du Nord, à une recrudescence d'intérêt pour les détails décoratifs et les déformations prononcées. Dans la peinture de paysage, l'accent est mis sur une vision panoramique de la ville devant laquelle s'impose une architecture insolite, composite. Cette dimension gigantesque permet, par exemple, à la tour de Babel de devenir le sujet qui occupe l'espace du tableau habituellement réservé à la représentation de personnages. Le goût italianisant conduit certains artistes à abandonner l'image d'une tour fantastique pour représenter un édifice plus proche de la réalité.

L’histoire de la tour de Babel est tirée de la Genèse (Gn 11; 1-9) : peu après le Déluge, des hommes s’installent dans une plaine près de Shinar et décident de bâtir une ville autour d’une immense tour qui toucherait le Ciel. Voyant cela, Dieu a puni leur orgueil : les hommes désormais ne se comprendront plus et parleront plusieurs langues. Ils ne pourront donc jamais terminer la construction de la tour. Ce thème est très apprécié au XVIe siècle par les peintres du nord tels que Pieter Brueghel l’Ancien ou Hendrick III van Cleve. Ce dernier s’est spécialisé dans la représentation de la Tour de Babel dont la plus connue est celle du musée Kröller-Müller d’Otterlo. Une autre est à la fondation Custodia, à Paris. 

L'artiste :

Fils de Willem van Cleve, ancêtre fondateur de cette illustre lignée de peintres, Hendrick van Cleve est né à Anvers en 1525 et suit une formation dans l’atelier de Frans Floris. Il fait le voyage en Italie avant 1551, l’année même où il est reçu franc-maître dans la Guilde de Saint-Luc d'Anvers. Il semble aussi être connu comme maître de la Guilde d’Utrecht sous le nom d’Hendrick “van CLEEF” où sa présence est attestée en 1569.

On ne connaît que peu de choses sur son œuvre sinon les gravures éditées par Filips Galle d’après ses paysages topographiques, ses vues urbaines - dont celles de Rome - ou ses ruines romaines.  Quelques tableaux seulement sont attestés de sa main grâce au monogramme HVC : des versions d’une vue du Vatican, un panorama de la ville de Rome datant de 1550, une vue des jardins du Cardinal Cesi à Rome, des exemplaires de la construction de la Tour de Babel, d’un style très impressionnant, proche de ceux de Marten Van Valckenborch, dont un, autrefois attribué à Hans Rottenhammer, fait penser à un dessin d’architecte ou à une grande miniature peinte, qui ouvrent la voie à une conception grandiose du paysage et des réunions galantes dans un décor antique ou dans un palais.

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