Meindert
Hobbema (Amsterdam, 1638-1709),
"Avenue à Middelharnis" _1689. Huile sur toile. (103,5 cm X 141 cm)
Londres, National Gallery
|
"carédar-211" |
Hobbema
adopte, dans cette "Avenue à Middelharnis", une construction à la
fois simple et spectaculaire, simple parce que reposant
essentiellement sur des symétries, spectaculaire par l’emploi
d’une perspective plongeante assez inhabituelle qui attire d’autant
plus immanquablement l’œil vers le village représenté à
l’arrière-plan qu’elle l’oblige à suivre une route bien
droite. Le tableau a visiblement été pensé pour donner à qui le
regarde la sensation de se placer au début de l’avenue, donc de
faire partie intégrante de l’espace pictural, effet encore
augmenté par le positionnement de la tête du chasseur au niveau du
point de fuite de la composition, à la même hauteur que l’œil du
spectateur, ce qui renforce l’impression que l'homme vient à sa
rencontre.
Il
ne reste rien de l’avenue qui mène à Middelharnis. D’ailleurs
cette route s’étirant sous le soleil matinal ressemblait-elle
vraiment au témoignage qu’en a laissé le peintre ? On sait pourtant qu’il y
existait, jusque dans les années 1880, une grange avec ce même toit
particulier destiné à faire sécher la garance, mais ce n’est pas
grand chose... la
réalité n’était peut-être pas conforme à cette impression de
sérénité absolue, de fluide luminosité, de paisible écoulement
du temps que le peintre a traduite avec des moyens d’une infinie
simplicité mis au service d’une maîtrise technique éblouissante.
Il faisait peut-être bon vivre à Middelharnis.
Meindert HOBBEMA (1638 - 1709) Seul paysagiste hollandais du XVIIe siècle à pouvoir soutenir la comparaison avec Ruisdael, Meindert Hobbema doit sa redécouverte aux amateurs anglais du XIXe siècle. Son existence est très peu documentée. Né à Amsterdam, Meindert Lubbertsz adopta le surnom d'Hobbema et fut l'élève de Ruisdael vers 1660. En 1668, épousant une domestique du bourgmestre d'Amsterdam, il devient jaugeur des alcools à l'octroi municipal, modeste fonction qu'il occupa jusqu'à sa mort, en 1709, apparemment au détriment de son activité artistique.
Son œuvre est limitée à une sorte de répertoire spécialisé, des paysages touffus, qui n'ont ni le sens de la vision panoramique, ni la diversité de ceux de son maître Ruisdael, excepté dans son tableau "L'Allée de Middelharnis" (qui compte parmi les chefs-d'œuvre du paysage hollandais). Cette profonde perspective, traitée en teintes sourdes, impose un sentiment d'infini et de solitude qui la font considérer comme l'œuvre majeure de l'artiste.
Magnifique
RépondreSupprimer