Le
repas du réveillon et celui du jour de Noël se composent
traditionnellement de "sangui natalecci" (boudin de
Noël), de cabri ou d'agneau à la broche, ou d'anguilles
grillées. Ceux qui mangent du boudin, suite à la tuaison du
cochon, se partagent aussi le fameux ventre, cette panse farcie qui
fait le régal des connaisseurs. Pour dessert, la maîtresse de
maison prépare "a strenna" le dessert réservé aux
festivités du jour.
Dicton :
Da San
Stefanu à Natale
Quanti u ´jallu sparghje l'ale.
(Entre
Saint-Étienne et Noël
Les jours allongent de l'envergure d'un
coq.)
C'est dans la nuit du 24 au 25 décembre que peuvent se
transmettre les formules d'incantation (incantesimu) dont les
signatori font usage pour lever les sorts et conjurer le mauvais œil. Révélées au profane en toute autre occasion, ces formules perdent
toute efficacité, et entraînent parfois la mort, dit-on, de celui
qui les a divulguées de la sorte. Selon les régions, cette
initiation la nuit de Noël doit se faire dans certaines conditions
précises ; il faut parfois qu'il y ait grand vent ou orage pour que
la formule puisse être transmise. D'après un autre témoignage :
"les jeunes gens ont l'habitude de courir de maison en maison de
manière à faire sept veillées avant la messe de minuit afin d'être
jugés dignes d'apprendre, de vieilles femmes, certains signes
superstitieux qui leur permettent, le cas échéant, de rendre
impuissantes et inoffensives les piqûres de scorpions et autres
animaux nuisibles. Ces signes ne peuvent valablement se communiquer
que la nuit de Noël et seulement à ceux qui font les sept
veillées. (*)
Dans certaines régions du sud de l'Île, cette
transmission est possible pendant les sept derniers jours de
l'année. Les bergers, quant à eux, font "l'incantu di l'acula" : la nuit de Noël, ils récitent cette "incantation de
l'aigle" qui préserve alors le troupeau du rapace tout au
long de l'année à venir.
Pour ce faire, ils prennent trois
lourdes pierres qu'ils déposent à terre et, les yeux tournés vers
le ciel, ils récitent leur incantation à l'intention de l'aigle. Cela fait, ils vont enterrer les trois pierres, puis retournent chez
eux.
Il y a un grand nombre de légendes locales qui se rapportent
aux cloches et au carillon de minuit, le soir de Noël. Ainsi, près
d'Aiacciu (Ajaccio), on peut entendre sonner des cloches dans la
mer, au large de la tour de la Parata ; ce sont les cloches du village
de Zicavu (Zicavo) que des pirates emportèrent un jour après
avoir massacré les Zicavecci. Mais le curé du lieu qui avait
échappé à cette tuerie pria le Seigneur de lui conserver les
cloches, et l'on put voir les galères des assaillants sombrer avec
leur précieux butin au large de la pointe de la Parata. On peut
également entendre sonner les cloches du hameau de Scanafaghjaccia (à 1,5 kilomètre de Rezza) qui fut l'objet de terribles
représailles de la part des Génois. Pour sauver leurs cloches, deux
hommes allèrent les cacher dans la pinède. Ils moururent sans avoir
pu révéler le secret du lieu où ils les avaient enterrées, et
depuis lors, chaque année, on peut entendre leur carillon sonner la
nuit de Noël à minuit. ( ** )
(*) Mgr. Chabot. La Nuit de Noël
dans tous les pays. Pithiviers, 1912 .
(**) D'Angelis Gaston et
Don Giorgi. Guide de la Corse mystérieuse. Coll. Les Guides noirs. Paris 1980.
Noël (suite)
Filles et garçons profitent de la
nuit de Noël pour tirer des présages en ce qui concerne leurs
amours et le sort que l'avenir leur réserve. Autrefois ces
pratiques divinatoires étaient très largement répandues et de
nombreux observateurs les ont rapportées : " La veille de Noël, dans l'Île de Corse, on tire le sort our connaitre les jeunes
gens qui s'aiment. Dans le foyer, sur la plaque chaude, sont placés
un grain de blé (le garçon) et un grain d'orge (la jeune
fille). Si les deux grains sautent l'un vers l'autre, amour. Si le
blé court vers l'orge qui s'enfuit, la jeune fille n'aime pas et
vice versa. On répète pour le curé et la béguine, le vicaire et
la sœur, et l'on rit (*)." Un autre procédé est employé avec
les feuilles d'olivier : " Pour savoir si une jeune fille
ou un garçon se marieront dans le courant de l'année, on jette dans
le feu des feuilles d'olivier, une, deux, trois, les unes après les
autres ; si la feuille danse et se retourne, ils se marieront ;
si elles brûlent, il n'y aura pas de mariage. (**)
(*)
Carnoy Henry ." La fête de Noël en Corse" La
Tradition. Paris 1889.
(**) Filippi Julie "Légendes, croyances et superstitions de la Corse " Revue des traditions
populaires, 1894.
(Almanach de la mémoire et des
coutumes. CORSE
Par Claire Tiévant et Lucie Desideri. Albin
Michel, éditeur 1986)
Pauvres bêtes. Noël, c'est le massacre des animaux'
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